"La brume s’évapore, la forme bleue s’élève, massive. Derrière elle, l’aurore apparaît. Elle habille l’horizon d’une lumière rosée, comme au premier jour du monde. Le souffle régulier de la montagne, berceuse fraîche, donne à l’atmosphère sa vitalité, un piquant qui contraste avec la douceur des premiers rayons du soleil.
Remontant le glacier, un pas après l’autre, je suffoque, le souffle glacé de la montagne transperce mes os, pétrifie mes muscles, engourdit mon cerveau. J’ai choisi. J’ai voulu grimper haut, haut ! Toucher le ciel, seul, au plus près des étoiles.
Je tombe sur les genoux. La neige n’est pas froide, elle développe en moi un état extatique. J’en mets un peu dans ma bouche, des milliers de flocons explosent dans mes artères. Je ne ressens que l’extase du moment. Mes yeux grand-ouverts fixent le rose flamboyant dans lequel une seule petite étoile se débat, face au jour grandissant. Je suis un peu comme elle, égaré dans un paysage extrême, qui ne finit pas de grandir.
A l’approche du sommet, l’émotion me réchauffe un peu. J’attends un signe de la reine blanche. Mais la montagne ne dit rien, elle se contente de respirer. Pourtant, je perçois une résonance céleste. Une douceur qui caresse le paysage froid. La montagne se révèle, elle m’appelle. Le blanc majestueux se déroule sous mes pieds hésitants, fatigués d’avoir espéré.
Qu’avais-je espéré ?
Trouver au sommet le secret de la plénitude. " (texte de Gaëlle Jesné)
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